FREINET: PEDAGOGIE NOUVELLE OU NOUVELLE PEDAGOGIE?
Octavian Horia MINDA
Şcoala cu clasele I-VIII SINANDREI TIMIS
La pédagogie nouvelle n'est pas un courant homogène puisque s'y côtoient des approches relevant de divers courants en éducation. Il est néanmoins possible de dégager quelques convergences:
-premièrement, toutes les écoles de pensée s'entendent pour condamner, souvent de manière caricaturale, parfois avec une virulence exacerbée, la pédagogie traditionnelle;
-deuxièmement, la pédagogie nouvelle a pour objet de contribuer au développement moral du citoyen;
-troisièmement, elle se caractérise par sa centration sur l'enfant, sur ses besoins et sur son développement personnel; quatrièmement, la pédagogie nouvelle propose de recourir à des méthodes qui conduisent l'enfant à apprendre par son engagement entier dans des activités.
Les valeurs prédominantes de la pédagogie Freinet sont la coopération, l'expression, la communication, la démocratie et la responsabilisation. Freinet fait résolument le choix de la coopération par opposition à une approche compétitive qui, selon lui, a l'effet pervers de limiter le développement des enfants puisqu'il les oblige à se priver des ressources de l'autre. L'établissement d'un climat de coopération dans la réalisation des activités de la classe conduit les élèves à devenir tour à tour des ressources pour les autres en mettant à profit leurs compétences respectives. À travers l'idée de coopération, c'est également celle d'interdépendance qui se dessine puisqu'en travaillant au meilleur développement d'un compagnon de classe, c'est éventuellement à l'amélioration de son propre développement que l'on travaille.
Pour Freinet, l'enfant est un sujet social poussé par le désir de s'exprimer et de communiquer. La communication et l'expression sont, à ses yeux, des outils de libération parce que, d'une part, la communication et l'expression sont des moyens pour l'individu d'exprimer son unicité et d'en prendre conscience et, d'autre part, parce que l'accent mis sur l'expression était aussi pour lui une manière de donner une voix aux enfants issus des classes sociales inférieures, une voix qui leur permettrait de participer activement à la gestion de la vie communautaire et sociale plutôt que de la subir.
Critiquant avec virulence l'éducation traditionnelle qu'il qualifiait (un peu à la manière de Rabelais et d'Érasme quelques siècles plus tôt) de « scolastique », Freinet était soucieux d'instaurer un fonctionnement démocratique et responsable dans sa gestion des affaires scolaires. Ces valeurs s'incarnent tout entières dans le conseil de classe (conseil de coopération). Le maître se porte garant du groupe et anime les discussions, mais il n'est plus le seul dépositaire de l'autorité, car le conseil en assume désormais une assez large part. Le conseil de classe fournit un cadre de discussion et de résolution des problèmes qui contraint les élèves à rendre des comptes publiquement. Il permet à chacun de participer, dans un climat de sécurité, à une partie du processus décisionnel déterminée à l'avance et donc de faire sa part dans la gestion du fonctionnement du groupe.
Les valeurs de coopération, de solidarité et d'interdépendance se trouvent sollicitées dans la compétence transversale d'ordre personnel et social « Travailler en coopération »; l'expression et la communication sont développées à l'intérieur de certaines compétences; la démocratie et la responsabilisation sont des valeurs abordées directement dans le domaine général d'expérience de formation Vivre-ensemble et citoyenneté ainsi que dans les compétences transversales d'ordre personnel et social. Les valeurs mentionnées plus haut, Freinet les a investies concrètement dans son oeuvre éducative à travers des méthodes d'intervention novatrices : les « techniques Freinet »
Pour Freinet, l'apprentissage n'est pas étranger à la motivation qu'éprouvent les élèves pour une tâche, une activité ou un projet. Cette motivation provient d'un besoin éprouvé, besoin qui en retour fait naître le désir. Ce désir est porteur d'une grande quantité d'énergie personnelle que l'enfant est disposé à engager dans des actions qui l'inciteront à tâtonner. Or, le tâtonnement est, pour Freinet, un processus universel et « naturel » de découverte par essais et erreurs par lequel l'enfant interagit avec son environnement. De ces interactions, il retire des règles de vie, soit des façons de faire adéquates, éprouvées par la pratique, agissant en retour sur le niveau d'énergie vitale. L'apprentissage des règles de vie et l'adaptation subséquente de l'organisme aux contraintes de l'environnement ne sont possibles que si l'enfant se montre perméable à son expérience ou, pour reprendre des idées chères à Piaget, s'il assimile de nouveaux objets de connaissance à ses schèmes existants et s'il les modifie devant des objets ou des situations nouvelles. Pour Freinet, il est présumé que les enfants réaliseront des apprentissages viables s'ils s'engagent activement dans la réalisation de tâches signifiantes et appropriées pour leur niveau de développement et s'ils parviennent à se construire des « règles de vie » ou compétences durables et mobilisables dans des situations diverses. Freinet voit les enfants comme des êtres sensibles à la vie de leur milieu et croit fermement que ces derniers préfèrent étudier d'abord ce qui les touche de près ainsi que ce qui a un certain écho dans leur vie quotidienne. Freinet croit que le travail scolaire doit participer à la fonctionnalisation des apprentissages scolaires en faisant en sorte que les élèves s'engagent et apprennent dans le cadre d'activités débouchant sur des finalités effectives. À cette fin, l'idée de projet reste à privilégier. Chez Freinet, la pédagogie du projet se présente sous plusieurs formes : le journal scolaire, l'imprimerie à l'école, la correspondance scolaire, etc. Le projet confère une signification aux apprentissages, car il implique de nombreux tâtonnements, d'abord parce qu'il permet de rencontrer des fins concrètes et, ensuite, parce qu'il prend pour point de départ les idées ainsi que les besoins des enfants. Par la mise en marche et la conduite du projet, on s'attend à ce que les élèves s'approprient les savoirs et qu'ils développent graduellement les quelques compétences nécessaires à sa réalisation. Il est également soutenu que la multiplication des projets permet de couvrir l'ensemble des objets d'apprentissage ou même de les dépasser.
BIBLIOGRAPHIE
FREINET, C., (1960) L'éducation du travail, Delachaux et Niestlé, Neufchâtel.
FREINET, C., (1971) Pour l'école du peuple, éd. Maspéro, Paris.
FREINET, C., et SALENGROS R., (1968) Moderniser l'école, Coopérative de l'enseignement laïc, Cannes.
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